Colloque du Mans - 19 mars 2010

Ce qui s'est passé au colloque, par Françoise BOUILLON


COLLOQUE UNIVERSITE DU MAINE

« L’eau au top niveau » Quelle rivière demain ?

Le MANS – Samedi 19 mars 2010

 

Arsène POIRIER, Président de l’ASMR , ouvre le colloque et donne la parole à Mr J-Claude BOULARD, Maire du Mans et Président le Mans-Métropole, qui explique son attachement personnel à l’eau, aux moulins et aux barrages, et les choix de la municipalité dans ce domaine. Il fait un rappel des origines de l’agriculture et de l’élevage, il y a quelques 10.000 ans : l’homme néolithique a compris son besoin  de s’assurer des réserves d’eau permanentes, d’où l’installation des premiers barrages. Vouloir le renier, c’est de la régression intellectuelle…

L’Université du Maine nous est présentée par Bernard CASTAGNEDE, co-directeur de la Fac. de Sciences.

Arsène Poirier revient sur l’Association de la Sarthe et sur la composition de l’assistance : 200 inscrits (davantage de présents)  dont 50% de la Sarthe, l’autre moitié se composant de personnes de toutes régions, venant en majorité de Loire-Bretagne et Seine-Normandie. Représentants des moulins, mais également des pêcheurs , agriculteurs et élus locaux..Le propos n’est pas de parler des moulins, mais des rivières, la recommandation est d’écouter les intervenants sans esprit de polémique. La défense de l’eau est d’intérêt public.

Deux grands thèmes à ce débat :       Maintenir les niveaux d’eau

                                                                      Retrouver la qualité de l’eau


Gilbert COCHET, Professeur agrégé des sciences de la vie et de la terre, Prix héros de l’eau WWF. Souci d’une harmonie entre la nature et l’homme, dans une approche de naturaliste en essayant de rapprocher les points de vue. Il y a 500.000kms de cours d’eau en France. Dans le Massif Central, plus de 600kms de cours d’eau sont noyés par des retenues. Il faut faire un choix entre vie et hydroélectricité.

Exemples de la Vallée du Rhône et de l’effacement de Maison-Rouge…

 

Jacques BIRGAND, président du Comité Loire de Demain (rétablissement  du niveau fonctionnel de la Loire Armoricaine- de la Loire Estuarienne aux Ponts de Cé)

Le comité souhaite le rééquilibrage de la Loire par relèvement de la ligne d’eau (restauration), dans le cadre du Plan-Loire. C’est une démarche fédérative : riverains, municipalités, associations. Le bouchon vaseux fait 40 kms en période d’étiage (photos)

 

Evangelina RALLI, Ingénieur spécialisé en environnement et aménagement des rivières et bassins versants.  Associations « Râle des Genêts » et  « Moulins au Fil de l’Eau ».

Il faut restaurer l’énergie hydraulique et stopper l’extraction des granulats. L’impact de l’homme date de 8.000 ans, même s’il a évolué au fil des siècles. L’effacement des ouvrages n’est pas le retour vers une situation naturelle…  « c’est le fils qui veut tuer le père »

L’effacement des barrages couterait environ 4 milliards d’€.

 

                                       Suit un débat d’une vingtaine de minutes…

Gérard PAGE, agriculteur, parle des moulins de la Sarthe et de la vallée du Loir, des aménagements des 19ème et 20ème siècle, qui n’ont pas toujours eu l’aval de la population. Rappelle qu’autrefois, on avait le pouvoir de décision. S’il y avait faute, les faits donnaient une sanction immédiate. Maintenant, on n’a plus ce pouvoir de décision,  on nous impose…

Mr ROBIN, maire de Beaumont S/S. : Ici, nombre de barrages, auxquels la population est attachée. Il faut s’appuyer sur les populations locales et la mémoire des riverains.

Une riveraine du loir remarque, à propos du « retour à un état naturel », qu’on n’a plus de référence à la rivière originelle, sinon sur quelques portions de cours d’eau à l’étranger .Les quelques expériences ponctuelles ne sont pas le retour à la vie originelle…

(G.COCHET répond qu’on ne refera pas sur tous les barrages ce qui s’est fait à Maison-Rouge. Mais ce qui était possible lorsqu’il n’y avait que quelques milliers d’hommes ne l’est plus quand ils sont 60 millions.)

Le Maire de Chaillans regrette qu’on soit tout seul devant des gens qu’on ne peut pas contredire parce qu’on n’a pas la compétence nécessaire.

Mme Ralli souligne que les termes utilisés par l’administration sont souvent incompréhensibles. On ne peut pas communiquer si on n’a pas le même langage.  Au ministère de l’environnement, un poste a été créé pour remédier à ce problème de vocabulaire. 

Benoit HUOT , pdt des Moulins du Finistère : Approuve sur le problème de langage. Signale que sur le littoral breton, la pèche est interdite, en raison de la pollution. Si les sédiments sont pollués… à quoi sert de casser ?

Gérard AUBERY, Moulins de l’Indre) :

L’ONEMA explique que nos petits seuils  sont des bouchons  .Il y   a des barrages comme Eguzon (60m de haut), mais ce sont nos petits seuils qui empêchent les poissons de remonter…

L’étude LOGRAMI démontre que les anguilles sont infestées (peste rouge, en particulier) et subissent des mutations du fait des perturbateurs endocriniens…

Il faudrait expliquer à l’ONEMA et au ministère qu’ils se trompent

Le doyen des participants raconte qu’il a, à  propos de l’abandon de son droit d’eau, adressé un courrier au maire de sa commune. celui-ci a refusé d’y répondre : C’est le Préfet qui accorde les droits d’eau, c’est à lui d’y mettre fin 

                                                      reprise des interventions prévues au programme

 

Bruno CARRO directeur du Pôle Touristique de la Vallée du Loir

Analyse le lien entre la rivière et le tourisme, la nécessité de réfléchir collectivement (faire le lien entre l’amont et l’aval. La fonctionnalité de la rivière est collective.

 

Mr X (remplaçant J.Paul Loiseau- Société de Pêche de St Berthevin –Rivière Le Vicoin en Mayenne) précise que tous les pêcheurs souhaitent le maintien de la ligne d’eau…mais les fédérations de pêche et l’ONEMA sont souvent d’avis contraire.

L’écologie devrait être un équilibre entre les différents usages ; la rivière n’est pas seulement pour les poissons. Abaisser les niveaux… et après ?

Le barrage du Vicoin : créé en 1969 pour développer un espace touristique et réduire les inondations. La commune (propriétaire), ne pouvait plus  financer les curages réguliers, a décidé l’arasement…une promenade en photos le long du Vicoin après suppression du barrage montre un filet d’eau perdu dans la végétation. Où est l’amélioration…et le bénéfice esthétique ?  De plus , l’arasement a aggravé la pollution qu’il était censé réduire.

 

J.Pierre POURCINES (Vice-président ADSPQI  - inondables du Mans)

Présentation photographique des travaux importants réalisés sur plusieurs barrages du Mans

 

Gilles BRUNEVAL – les producteurs d’hydroélectricité

Dans le monde : production d’hydro-électricité  16 % - En France 13 %

Présentation des différents types de turbines utilisables sur les petits ouvrages (nouvelles technologies)

Les agences d’Angleterre, Pays de Galles, Ecosse et Irlande du Nord sont contre l’arasement des barrages, car elles craignent les inondations. L’Allemagne a une approche « énergie renouvelable »: maintien des barrages pour la production électrique.(+ création de passes à poissons.)

La remise en cause du nucléaire devrait favoriser l’hydro électricité

 

Annie BOUCHARD, pdte FFAM- Félicite et remercie les organisateurs et les intervenants.

Il faut défendre les moulins, les seuils, les retenues d’eau. Le droit d’usage est indissociable du moulin. Sans reconnaissance de son niveau d’eau, le moulin n’existe pas. Il forme un TOUT avec son patrimoine hydraulique.

 

Arnaud JEANSON, président de la Commission environnement à la FDSEA de la Sarthe, représente les agriculteurs et éleveurs riverains, pour lesquels le  maintien d e la ligne d’eau est une nécessité. Quand elle est trop basse, il faut recourir au pompage et à l’utilisation d’abreuvoirs pour le bétail, mais aussi clôturer les berges. De plus, si la nappe baisse, quid des espèces végétales et des zones humides menacées d’assèchement…Et le risques d’éboulement des berges…

Il faut gérer l’eau en bonne intelligence, la retenir quand il n’y en a pas assez,  donner les moyens à l’agriculture de rester productive. Nourrir la planète est un défi..

 

Débat et buffet-rencontre

 

Christian LEVEQUE, hydrobiologiste, directeur de recherches à l’IRD et chercheur au Muséum d’histoire Naturelle (« nos rivières ne sont pas des poubelles »).

Il y a nécessité de concertation pour agir sur la pollution des cours d’eau.  Il n’y a pas de retour possible… Qu’est-ce qu’on peut faire pour les rivières et quelle nature voulons-nous ?

Les problèmes de pollution ne sont pas récents. Au moyen-Age , . La rivière était considérée comme un égout. Les tanneries, le traitement de la laine, du chanvre, les laiteries utilisaient les cours d’eau.

            La nature des pollutions a changé, les pollutions sont de plus en plus nombreuses, de plus en

plus complexes : organiques, métalliques, pesticides, eutrophisation, déchets radio-actifs, médicaments…etc. Pollutions accidentelles, chroniques, diffuses…Elles ont de lourdes conséquences sur la santé des animaux, mais aussi des hommes. La biologie des espèces permet d’identifier l’impact des pollutions (accumulation des toxiques dans les cellules des organismes aquatiques, voire la mortalité. Bien que les méthodes d’analyse se soient fortement améliorées, il reste de fortes incertitudes analytiques, notamment pour les sédiments.

On constate une réduction des apports en phosphates et nitrates, une amélioration du traitement des eaux usées dans les stations d’épuration…Substances pharmaceutiques. Pollution thermique…etc

La directive européenne vise le « bon état ».Mais qu’est-ce que le « bon état »…

 

Arnaud JEANSON : Il faut agir contre la pollution agricole..

Il y a amélioration pour le phoshore. La largeur de la bande enherbée obligatoire protégeant les cours d’eau est définie  différemment en fonction des activités, des cultures, des produits utilisés

 

Yann HARDIVILLIERS- maitre de conférence à l’université , parle des pollutions domestiques et de la réponse des espèces sentinelles et des organismes aquatiques

débat, questions et témoignages : La pollution ne vient pas des barrages : elle apparaît en amont

Cas des barrages de Vezins et la Roche qui boit (Cotentin),promis à  la destruction.

 

Frédéric DURAND, Président de la Société Naturelle Alcide d’Orbigny,  spécialisée en inventaires

écologiques- Petits barrages et bio-diversité.

Inventaire naturaliste des rivières de la Sarthe, de l’Huisne et du Loir.

Un barrage qui existe depuis le Moyen Age est devenu un milieu naturel ; Les petits barrages forment des habitats favorables aux reptiles et amphibiens.En les cassant, on va casser les derniers milieux naturels existant. Ne pas confondre naturaliste et écologiste.

Il suffit parfois de trouver une (ou deux,c’est mieux) espèces protégées sur un ouvrage menacé

pour tout bloquer.

Le travail du naturaliste c’est « de trouver des trucs pour emmerder le monde »

Il a existé 200.000 seuils en France. En très forte diminution :il  en reste 60.000,et 40% des étangs.

Cependant la pollution est croissante : les petits ouvrages n’en sont donc pas responsables…

 

Il était prévu ensuite un débat  entre le public et tous les  intervenants

et « le point de vue des élus sur l’eau au top niveau » par Stéphane Le FOLL député européen, membre des commissions Agriculture et Environnement, (auxquels nous n’avons pas assisté.)

                                                                                                                                  F. Bouillon

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