Vallée de la Riasse

8 (ou 9) PETITS MOULINS
                            dans une PETITE VALLEE, 
                                                   La VALLEE de la RIASSE

 

Toponymie : selon les époques, les administrations ou les auteurs :

La rivière, c'est la Riasse, l'Ariasse, ou l'Arias, ou même l'Ozon,

Le bief, c'est le Douet, ou le Douay, la Veude, ou même la Petite Veude, ou encore le ruisseau des Fontaines d’Ozon (P.& Ch.)

Allez donc vous y retrouver...

 

Et puis, un peu d'étymologie : une riasse, dans un courrier de 1845, c'est un fossé, « ces décharges tombent dans des riasses communiquant au ruisseau... mais ces riasses sont le plus souvent dans un très mauvais état... »

et un douet : « petit courant d'eau, ruisseau, réservoir creusé de main d'homme, lavoir, mare fontaine... » (dictionnaire du monde rural - Fayard )

Nous garderons La Riasse et le Douet, pour simplifier (et l'Arias pour l’association, « les Amis de l'Arias »).

 

La Riasse, donc, est un modeste cours d’eau, le dernier affluent de l’Indre avant sa rencontre avec la Loire…

Selon certains, elle prend sa source en forêt de Chinon. Pour d’autres, c’est le ruisseau le Régeau (le R’geau comme on dit ici), grossi d’un autre petit cours d’eau, le Guettier, qui coule de la forêt de Chinon jusqu’aux Fontaines d’Ozon, où il rencontre plusieurs sources, au Château de l’Ermitage et au lavoir, pour devenir alors la Riasse.

Peu importe, c’est la même eau, qui se divise aussitôt : à droite, le Douet, bief des moulins, à gauche la Riasse, ruisseau « libre »… A partir de là, la vallée ne mesure que 5,5 kms et sa pente est très faible (14 mètres). C'est pourquoi le Douet s'en va à droite – à gauche, chercher le moindre relief de la vallée pour pouvoir alimenter les chutes. Et c'est ainsi qu'il traverse 3 fois le ruisseau naturel.

Sur ce petit ruisseau, la carte de Cassini compte 9 moulins.

 

Le plus ancien apparaît au XIème siècle... C'est sans doute le moulin Boulard ou Boullard, qui figure dans de nombreux écrits, mais qui n'a laissé aucune trace sur le terrain. Il était situé entre Le Chêne et Thaie, qui ne sont distants que de  250 mètres environ...

Le premier se trouvait à l’intérieur du domaine du Château d’Usage. C’était le moulin d’Usage, dit aussi « le Moulin de Ville », bâti au XVème siècle. Il n’en subsiste que des vannages…    

 

Le second, qui appartenait à la seigneurie d’Usage, est le «Moulin de Grapheteau, situé Commune de Huismes, consistant dans tous les tournants, virants du dit moulin, bâtiments d’habitation et d’exploitation, cour servitude et d’une pièce de terre au couchant des bâtiments... » (acte de vente du 2 juin 1867).

Il a été acquis par le père du propriétaire actuel en 1937. C’était devenu auparavant une boulangerie. Il en a conservé le four, de dimensions exceptionnelles : un grand diamètre, avec une voûte très basse et une très belle porte… On y trouve aussi une paire de meules, des vestiges de la rotonde et quelques pièces mécaniques. La roue était dans la maison. Il subsiste les radiers des anciens vannages. L'ancien canal d'amenée a été comblé pour y faire un petit jardin mais on voit toujours dans le mur la borne règlementaire imposée par le règlement du 20 février 1869 : « la borne repère a été conservée dans son emplacement ancien au milieu du bajoyer du canal d’amenée du moulin rive droite. Son zéro correspond au niveau légal de la retenue »... En aval, le Douet croise l’Arias une première fois. 

 

Vient ensuite le Moulin de Ribot ou Moulin Ribot. Peu de renseignements sur celui-ci, si ce n'est qu'en 1969, son meunier était Mr Bizouiller. Sur le ruisseau, seule la chute et quelques pierres des vannages rappellent son activité ancienne...  

 

Continuons de suivre le cours d'eau: voici le Moulin de Thaie (ou de Taye). « De la masse composant autrefois une maison servant à faire la farine et comprenant une masse de moulin joignant la Veude, deux chambres à feu, deux écuries fondues, une petite grange, un cellier au couchant de la première chambre à feu et four fondu, le tout en très mauvais état... » (donation-partage du 24 juillet 1927) 

 

Et... juste au-dessous, le Moulin du Chêne. Le bief d'amenée, très étroit, plonge entre le moulin et une ancienne dépendance, pour aller rejoindre, une cinquantaine de mètres plus bas, le second croisement. Il aurait été le dernier en activité, tant comme moulin que comme boulangerie... A l'extérieur se dresse la carcasse de la roue.... 

 

Continuons, le long d'un bief à l'abandon et voici le Moulin-Brûlé. La roue, à l'intérieur, a été détruite dans les années 1970 par le propriétaire, qui voulait récupérer une pièce d'habitation supplémentaire. Un réseau de petits canaux de fuite est noyé dans les ronces, mais la chute principale est encore visible...

 

Selon le dictionnaire de Carré de Busserolles, la Riasse se jetait dans le Douay en aval de ce moulin. C’est maintenant le troisième croisement, et le Moulin de Fromentière... « Usine à moudre le ble », il a récupéré sa roue en 2006 et ses meules et mécanismes sont complets, quoique bloqués par la rouille, ce qui n'est, nous l'espérons, qu'un avatar provisoire.... On peut lire, gravés à la pointe du couteau dans le tuffeau de la porte les comptes du meunier... Il était associé à un moulin à vent qui porte le même nom et dont on aperçoit les vestiges en arrivant...

 

Et, le dernier, sur la route de Rigny-Ussé, le Moulin de l'Arceau... Les biefs et les radiers, dégagés par les propriétaires,  sont visibles et bien identifiables. La rotonde existait encore il y a quelques années, quoique en mauvais état... Il faut dire que ce dernier moulin était fréquemment inondé par les caprices de l'Indre (et de la Loire) toute proche....

 

Entre Usage et le Moulin Brûlé, un chemin de randonnée très fréquenté permet de suivre le bief et d'identifier ses usines... Ensuite le bief passe en terrains privés …

Grâce au travail de recherche de Monsieur Raoul Guichané aux Archives de la DDA, on connait les caractéristiques techniques de ces moulins. Tous équipés de roues à pales de côté et de deux paires de meules (sauf Grapheteau qui en posédait trois), leurs chutes étaient modestes, à la mesure de ce petit cours d'eau (de 1,20 à 1,40 m.) 

 

C'est pour défendre ce petit patrimoine qu'a été créée en 1997 une association nommée « les Amis de L'Arias », composée uniquement au début de riverains du ruisseau, puis ouverte à tous les sympathisants de cette cause modeste. Partie d'une vingtaine de membres, elle en compte actuellement soixante... Ses premiers combats ont été d'ordre juridique, pour empêcher, puis tenter de contrôler un pompage dans la nappe alimentant le ruisseau. Puis ses compétences ont été étendues à la défense de l'environnement et en particulier à la vigilance vis-à-vis de projets routiers. Et plus récemment, elle s’est attachée à la restauration du bief des moulins, par des « chantiers » de nettoyage et de curage du cours d'eau, de débroussaillement des berges, de faucardage et de restauration de la ripisylve. Le résultat est apprécié des habitants de Huismes et des randonneurs...

L’Association des Moulins de Touraine et celle des Amis de l’Arias sont étroitement associées depuis plusieurs années  (l’AMT est l’un des 60 adhérents).

Publié dans Patrimoine

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